
Tabarka, joyau côtier du nord-ouest tunisien, s’est parée de ses plus belles affiches, d’artistes divers et a vu débarquer de nombreux festivaliers afin de faire revivre ce festival vieux de 47 ans. La ville a vécu aux rythmes du Jazz du 20 au 24 août. Entre nostalgie, émotions, optimisme et les aléas du quotidien, le rituel a bien eu lieu…
La Basilique de la ville a vu défiler des artistes nationaux et internationaux confirmés. Des années auparavant, ce lieu mythique n’avait pas vécu aux rythmes du Jazz et de la bonne musique. Cette manifestation reconnue mondialement a régressé, fin des années 2000 jusqu’à disparaître totalement, depuis le début des années 2010. Elle s’est dissipée, a vu ses adeptes quitter le navire petit à petit : dire qu’auparavant, ils venaient se poser en bateau ou en avion uniquement pour assister à cette effervescence jazzy et profiter des atouts forts de cette ville montagneuse et maritime. La recette idéale pour joindre passion du jazz et vacances. La conjoncture politique, les bouleversements socioéconomiques profonds, les conflits financiers, autant d’éléments ont, depuis, eu raison du festival pour le plus grand désarroi des festivaliers, mais également des habitants natifs de la ville qui, jusqu’à nos jours, ne jurent que par le «Tabarka Jazz Festival», ou ce qu’il était… et n’ont unanimement qu’un seul souhait, le faire renaître de ses cendres. Cette 19e édition est celle de la résurrection.
En faire une festivité fidèle à son ancienne réputation, tel est l’objectif de l’équipe organisatrice. Pour l’ouverture, le 20 août, l’équipe organisatrice a convié un parterre de journalistes et le ministre du Tourisme autour d’une fête de bienvenue lançant officiellement le début de l’édition. L’association du Développement Culturel de Tabarka présidée par Dr Jalel Hellali, également directeur de l’édition de 2019, s’est jointe au déroulement du festival.
Lors d’un point de presse, le ministre s’était empressé d’être présent à temps, de saluer l’équipe et l’implication des journalistes qui —selon lui— offrent de la visibilité à un événement musical d’envergure mais également à Tabarka, un pôle touristique en devenir.
René Trabelsi a annoncé la réouverture de l’aéroport de la région en 2020, facilitant l’arrivage des touristes européens et maghrébins. La ville annonce en effet «complet». Selon le ministre, qui déclare, enthousiaste : «Nous tenons à relancer le secteur de l’animation». Une intervention qui a lancé le démarrage de la programmation pendant les 5 prochains jours.
Artistiquement alléchant !
A proximité de la Basilique, une scène a été installée en «Out Door» libre, afin de permettre à de jeunes artistes locaux et tunisiens de se produire en amont des soirées officielles. Chaque jour, dès 20h00, la musique a commencé à retentir pour les passants. Les cafés d’en-face changent de disposition pour permettre au public de profiter des spectacles. Pour l’ouverture, le commencement fut plaisant mais timide. Moh Kouyaté s’est emparé de la scène vers 22h00. Pendant presque deux heures, il a assuré le concert jusqu’au bout face à des invités, citons Mme Amel Hachani, directrice générale de l’Ontt, le gouverneur de Jendouba Ali Marmouri, le délégué des Affaires culturelles Walid Masseoudi, le délégué des Affaires du tourisme Aissa Marouani, sans oublier, le P.-D.G. de la Poste Jaouhar Ferjaoui. Rythme lent, redondant, paroles humanistes profondes, engagées mais indéchiffrables en Guinéen, le public a été enthousiaste à l’idée de voir renaître le festival malgré un spectacle qui manquait de panache. C’était sans compter la tornade musicale qui s’apprêtait à s’abattre ensuite …
Le 2e jour, Alia Sallemi et son Quartet en première partie retrouvera ses mélomanes toujours dans l’enceinte de la Basilique à partir de 22h00 suivi d’Anduze & The Parov Stellar Horns, en 2e partie de soirée. Le rythme est monté d’un cran… 2 artistes à l’affiche ont défilé successivement. Le public a pu profiter d’une ribambelle d’artistes sur scène pendant plus d’une et demie.
Alia Sellami et ses guests étaient sur scène en compagnie de Yacine Boularès, saxophoniste, clarinettiste, compositeur et as du jazz. Le franco-tunisien, dont la soirée est prévue le 22 août, a créé la surprise en se présentant 24h plus tôt joint par Guiane Floda à la batterie, Wassim Ben Rhouma muni de sa basse et Kaïs Sellami à la guitare. Sellami et Boularès, amis de longue date, ont assuré sur scène le temps d’un concert qui a duré une heure, suivi d’un groupe autrichien, «Anduze» et «The Pavor Stelar Horns» dont le style diffère complètement.
Ces derniers ont mis le feu à la scène du Tabarka Jazz Festival. Ils lui ont donné du panache. Grâce à un genre générateur d’énergie, «l’électro House Jazzy» : un style qui nous vient des night-clubs autrichiens des années 90 et qui a conquis depuis, toute l’Europe.
Cette 2e soirée était mémorable et rappelé l’énergie festive d’antan. C’était avant l’annulation du concert suivant, à cause des intempéries qui ont eu lieu dans la nuit du 22 août. Yacine Boularès devait présenter sa nouvelle création musicale «Ifriquia» suivi de la diva du Jazz Marla Glenn.
Pour sa soirée du 23 août 2019, le «Tabarka Jazz Festival» troque son registre bluezzy/jazz contre du rock métal tunisien et oriental en programmant successivement deux groupes de musique rock : le premier était «Nawather», un groupe de métal oriental tunisien. Pendant près d’une heure, ils ont assuré la première partie de la soirée. «Myrath» a pris la relève, équipé de sa danseuse du ventre, de ses spectaculaires jongleurs de feu et d’une énergie scénique débordante. Connu pour son artifice, ce concert fut une totale réussite ! Les férus du jazz ont trouvé étonnant qu’un groupe de métal/rock soit programmé dans un festival de Jazz. Mais les groupes jouissent d’une reconnaissance mondiale et sont prisés partout dans le monde. Ils sont acclamés par la jeunesse tunisienne et celle de la ville de Tabarka. «Myrath» ne s’est produit qu’une fois cette année à Hammamet. Autant de raisons qui justifient ce choix. Le festival reste ouvert aussi à d’autres styles comme le reggae jazz et ses dérivées.
Diana king, icône des grands tubes des années 90, est venue directement des Jamaïques afin d’assurer la clôture. La diva, connue pour les soundtracks de films américains connus, ses reprises légendaires, et ses tubes comme «Shy Guys», a signé définitivement le renouveau du Tabarka Jazz Festival. Malade et affaiblie, elle a assuré le concert jusqu’au bout face à une Basilique Sold Out.
La fin des festivités a eu lieu sur une note positive et annonciatrice d’une prochaine édition programmée, en début d’été et non pas vers la fin. D’autres activités devront voir le jour dans toute la ville. Un retour festif vécu comme une tradition ré-adoptée par les Tabarkois.